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En 2005, sous le nom d'artiste de Claude-Charles Mollard, il rend public son travail photographique qu'il pratique depuis les années 70.
Les premières photos qu'il expose proviennent d'un recensement systématique des "esprits de la nature" auxquels il a donné le nom "origènes".

Origènes
les visages d'avant les dieux

photographies de Claude-Charles Mollard
texte de Christine Buci-Glucksmann
éditions Cercle d'Art, Paris, 2006
64 pages, relié
couverture plein papier imprimé avec jaquette
29.00 €, envoi sur commande :
claude.mollard@wanadoo.fr

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Origènes


Le peuple des "origènes" se niche partout : dans les pierres du chemin, les noeuds des troncs d’arbres, les buissons de ronces, les lichens des rochers… Depuis des millions d’années ils regardent en silence les hommes qui ne les voient pas.

J’ai découvert le premier "origène" dans les carrières antiques de marbre de l’île de Paros, dans les Cyclades, où les sculpteurs firent surgir de la pierre le visage de l’homme, à moins que ce ne soit sur les flancs du volcan Stromboli né des noces du feu et de la mer parmi les îles Eoliennes, ou encore dans les ruines de Pompéi, ou dans la nature exubérante du Brésil… Depuis lors, je les vois partout : ils crient, ils rient, ils pleurent, ils se moquent, ils éprouvent des
sentiments comme des humains. "Tout vit, tout est plein d’âmes" : Victor Hugo n’était pas loin de penser que Dieu se cachait dans les coins et recoins de la nature. Monstres, fantômes ou dieux, ils sont arrivés sur terre bien avant nous.

Ils ont la sagesse et l’expérience des temps les plus reculés du Cambrien. Ils ont parfois des têtes de Mathusalem ou des allures de Belphégore. Mais ils ont conservé la fraîcheur des origines du monde, ils nous rappellent l’identité de nos gènes les plus anciens : ce sont des "ori-gènes", cousins des "aborigènes" d’Australie, voisins des indigènes de l’Amazonie : les gardiens de l’état de grâce de notre terre Eden. Comme les hommes ils ne sont pas sages, comme les dieux ils montrent le passage.

Ils sont devenus mes compagnons de voyage, ils jouent à me faire rire ou à me faire peur. Ils peuvent paraître froids comme le marbre, impassibles comme le bois. Mais à force de les regarder derrière mon objectif, j’ai pris goût à les fréquenter. Peut-être ai-je commencé à les apprivoiser. J’ai même surpris l’un d’entre eux me jeter un clin d’oeil ! Faites comme moi : ouvrez l’oeil. Vous les verrez, ils vous regarderont, ils vous ferons rêver, vous vivrez mieux.
Les origènes me voient, donc je suis.
Toi qui les découvres, qui es-tu ?


Claude-Charles Mollard